Affaire Catalan & Sharp : Mende orchestre une mise en scène macabre
- diambambam
- Apr 25, 2017
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Encore une fois la communauté internationale vient de vivre un scénario bidon monté de toute piece ficellé dans des officines machiavelique d'un regime corrompu, assit sur le mensonge et autres anti-valeurs. Le ministre de la Communication et médias, Lambert Mende Omalanga a convoqué lundi 24 avril une rencontre avec les représentants de la presse congolaise et internationale. Objet de la réunion : projection d’une vidéo sur l’exécution des experts onusiens Zaida Catalan et Michaël Sharp. Le double crime est imputé aux "terroristes" Kamwena Nsapu. Question : Comment l’exécutif congolais a pu entrer en possession de cette vidéo censée se trouver - secret d’instruction oblige - entre les mains des enquêteurs de l’auditorat militaire? Des observateurs y voient une nouvelle fuite en avant pour brouiller les pistes. Des pistes qui conduisent aux sicaires de l’armée et de l’ANR. Des sources sécuritaires sont formelles : les deux enquêteurs mandatés par le Conseil de sécurité ont été attaqués dans une zone contrôlée par l’armée congolaise.
La vidéo diffusée, d’une durée de moins de cinq minutes, montre dans un premier temps la Suédoise Zaida Catalan et l’Américain Michaël Sharp entourés par une dizaine d’individus armés de bâtons et de machettes. Un seul portait un vieux fusil. Le fameux calibre 12. Arborant des bandeaux rouges autour de la tête, ces personnes s’exprimaient en tshiluba et en français.
Les deux experts avaient été mandatés par le Conseil de sécurité pour enquêter notamment sur les groupes armés et les violations des droits de l’Homme et les fosses communes dans l’ex-province du Kasaï Occidental. C’est le dimanche 12 mars qu’ils ont été vus pour la dernière fois en compagnie d’un interprète et de trois conducteurs de moto sur l’axe Tshimbulu-Bukonde. L’œuvre des terroristes.
Grâce au concours d’un interprète non visible sur la vidéo, ces individus armés ont promis de montrer aux deux investigateurs les lieux où se trouveraient des charniers. Subitement, les deux Occidentaux ont été contraints à s’asseoir par terre. Un coup de feu est tiré sans qu’on puisse voir le tireur. Sharp est atteint à la poitrine. Un deuxième tir retentit. On voit en ce moment Catalan se jeter sur son collègue comme pour lui servir de bouclier. Elle est atteinte dans le dos. Une voix tonne : « Tirez ! ». Pas moins de trois coups de feu ont été entendus. La même voix d’ordonner : « Ne gaspillez plus les munitions, coupez la tête. Coupez d’abord les cheveux pour renforcer mon pouvoir ». Une scène insoutenable va s’en suivre...
Après la projection, Mende de lancer à la presse : « Voici comment opèrent les hommes de Kamwina Nsapu ». Pour lui, ce double assassinat montre «l’oeuvre des terroristes qu’il faut éradiquer par tous les moyens». Y compris des exécutions extrajudiciaires?
Des questions fusent aussitôt. Qui a réalisé cette vidéo ? Où cette scène macabre a-t-elle été filmée ? Par quel canal le gouvernement est-il entré en possession de cette « pièce à conviction » censée se trouver entre les mains des enquêteurs de l’auditorat militaire ? «Les autorités ont mis la main sur cette vidéo grâce à la perspicacité de la police scientifique », a déclaré, sans rire, le porte-parole de la police nationale, le colonel Pierre-Rombaut Mwanamputu. Qui est l’homme qui a donné l’ordre d’abattre les deux experts et de mutiler le cadavre de la dame? Quel est le mobile des présumés assassins ? Où sont passés les effets personnels des deux étrangers (PC portables, pièces d’identité, portefeuilles, montres etc.) ? En diffusant cette vidéo, les autorités congolaises voudraient-elles sous-entendre que le dossier est clos ?
Des sources proches du dossier donnent une toute autre version. Primo : les deux enquêteurs onusiens s’étaient rendus dans une « zone sensible » où ils ont pu recueillir des informations accablantes pour le pouvoir en place. Secundo : Ils auraient été attaqués dans une zone contrôlée non pas par les rebelles mais par les Forces armées de la RDC. Tertio : les effets personnels des deux victimes se trouveraient au siège de l’Agence nationale de renseignements à Kinshasa. C’est le cas notamment d’une montre munie d’une puce géo-localisable que portait Sharp. Quarto : « Les sujets de Kamwina Nsapu n’avaient aucun intérêt à éliminer les deux experts. Il est connu que ces gens font plus confiance aux forces de la Monusco qu’à la force publique congolaise, concluent en chœur ces sources contactées séparément par l’auteur de ces lignes.» Mise en scène macabre
Au lendemain de la disparition de ces experts, Lambert Mende déclarait dans un étrange souci de détail ces mots : «Ils ont été kidnappés au niveau du pont de la rivière Moyo et conduits dans la forêt par des éléments inconnus ainsi que quatre Congolais : trois chauffeurs de taxi-moto et un interprète ». C’était le lundi 13 mars. Le lendemain, il ajouta sur un ton de reproche que Zaida Catalan et Michaël Sharp et leurs accompagnateurs sillonnaient « la province du Kasaï-central à moto sans que les autorités locales en aient été informées ». « Ils seraient tombés entre les mains des forces négatives ». Comment a-t-il pu obtenir toutes ces informations ?
Selon le chercheur belge Kris Berwouts, les deux enquêteurs onusiens n’étaient nullement des "kamikazes". Il l’a dit avant la découverte des corps. «Ce qui est certain, déclarait-il à l’AFP, c’est que tous deux connaissent bien le pays et ne sont pas du genre à négliger la sécurité».
Nombreux sont des analystes qui pensent que la vidéo projetée par le ministre Mende n’est ni plus ni moins qu’une mise en scène macabre. «C’est une fuite en avant pour justifier les massacres commis dans l’ex-Kasaï Occidental par des militaires et des policiers sur ordre personnel du président Joseph Kabila », confie un de nos interlocuteurs.
Un autre de renchérir : « Quarante-huit heures avant la découverte des cadavres des deux victimes et celui de leur interprète, le président de l’assemblée provinciale du Kasaï, François Kalamba, a annoncé que 42 policiers ont été décapités par des miliciens Kamwena Nsapu ». C’était le 27 mars. «Avez-vous entendu les autorités nationales divulguer les identités des policiers tués ou organiser une cérémonie solennelle d’inhumation ? Personne n’est dupe. L’objectif était de conditionner l’opinion puisque les deux corps seront découverts, comme par hasard, le 29 mars. Les prétendus miliciens Kamwena Nsapu ont bon dos. La communauté internationale connait pourtant la vérité…». peine perdu pour notre pour Joseph Kabila est son gouvernement de se tirer de cette affaire.
MRKN
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